Théologie expérimentale
Jésus aurait-il pu être sauvé ?

Sauver Jesus ? Sauver celui qui se présente lui-même comme « Le sauveur de tous les hommes » (Thimotée 4.10) La question peut sembler incongrue, mais elle agite le département de théologie prospective expérimentale de l’Institut Vatican 3000 à Anchorage en Alaska. « Cette question, la papauté a soigneusement évité de s’y intéresser pendant deux millénaires » explique le révérend Mehem Getzondeit, un ancien membre de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours (Mormons) devenu le fondateur de l’Institut d’Anchorage ainsi que le créateur d’une nouvelle voie spirituelle, l’Église Unifiée et Universelle d’Anchorage.
« Ce n’est pas une secte » explique Maciste Vinoverastigne, le juriste spécialisé dans la défense des sectes « ... C’est un "Nouveau Mouvement Religieux" (NMR) et un institut de recherches extrêmement fertile, le reste n’est que calomnie et on sait quels intérêts tout cela sert », ajoute-t-il, en faisant allusion aux problèmes d’implantation rencontrés par l’Église d’Anchorage en Allemagne et en France, deux pays où la polygamie est interdite.
Parmi les études conduites par l’Institut Vatican 3000, on trouve donc une forme d’exégèse expérimentale anachronique et non-déterministe. Le principe est simple. Au cours d’une sorte de jeu de rôle, les chercheurs rejouent des épisodes des évangiles mais en s’écartant progressivement du texte afin d’évaluer le champ des possibles et ceci dans deux buts : comprendre ce qui s’est effectivement passé, d’une part, et comprendre ce qui aurait pu se passer si un élément du récit d’origine était modifié, puis le consigner dans une nouvelle version de la Bible. En effet, pour Mehem Getzondeit, ce n’est pas le passé qui doit déterminer le contenu du livre mais la Bible qui doit écrire le passé.

Notre entendement refuse une telle inversion du lien de causalité. Pourtant « (...) Il faut lutter contre les automatismes, les fausses évidences, car ce ne sont pas seulement des pièges pour l’imagination, c’est aussi une prison pour l’action ! » martèle le révérend Getzondeit. On pourraît s’attendre à ce que les fondements théoriques du travail de l’Institut prennent leur source dans quelque paradoxe lié à la physique quantique, mais il n’en n’est rien, « Je me suis rappelé de Mme Connors, mon institutrice en first grade, qui disait toujours "La Bible a été écrite par Dieu". C’était une femme méchante et aigrie, qui frappait les élèves pour un rien. Je lui en ai longtemps voulu mais je ne serais jamais devenu l’homme que je suis si je ne l’avais pas rencontrée sur ma route. Je n’ai jamais oublié ses paroles : la Bible est écrite par Dieu ». Récapitulons : si la Bible a bien été écrite par Dieu, alors elle n’a pas été écrite après les évènements qu’elle relate, mais avant, et c’est d’autant plus logique que nous savons que le texte a constamment été modifié au cours des siècles. Par exemple l’épisode de la Genèse, qui raconte l’aube de l’univers, est, selon les philologues, un des livres les plus récents dans la chronologie de rédaction du corpus biblique. En rédigeant aujourd’hui une nouvelle Bible sous inspiration divine, nos chercheurs peuvent espérer modifier et améliorer le passé qui, en renouant avec le lien cause->effet que nous connaissons tous, devrait corriger notre présent et nous préparer un futur radieux.

Le plus important sujet d’expérimentations de l’équipe de M. Getzondeit est la salvation de Jésus Christ. On est en effet en droit de se poser des questions. Que se serait-il passé si Judas n’avait pas trahi ? Ou s’il avait réclamé 300 denniers et non 30 aux romains ? Auraient-ils refusé la transaction ? Et que se serait-il passé si le dennier avait connu une forte inflation ? Que se serait-il passé si Simon Pierre ne s’était pas montré pleutre ? Ou si Jésus s’était enfui ? S’il s’était caché dans un arbre ? (notre illustration).
Pour Getzondeit, la réponse est claire : « Jésus aurait pu se sauver lui-même mille fois, il a constamment fait tout ce qu’il fallait pour précipiter son martyre et sa funeste fin ». Cette pulsion auto-destructrice est bien connue des psychiatres qui y voient une attitude plutôt répandue et correspondant en tout point au schéma familial du Christ : « le syndrome touche les jeunes adultes qui ont du mal à quitter leur mère et se dégagent peu à peu de toute réflexion, de toute émotion, pour se réfugier dans les pures sensations. Généralement, cela se traduit par une attitude boulimique et un net surpoids mais ça n’a rien d’impératif » explique F. Doltovitch dans « Mon fils ma bataille », où elle ajoute même que « la première chose qu’aurait pu faire Jésus pour sauver sa vie, ç’aurait été de quitter les jupes de sa mère ».

Puisqu’il a tout fait pour que son sort empire régulièrement, Jésus ne pouvait être sauvé par lui-même. C’est donc sur le rôle ses amis et ses parents que l’équipe de scientifiques d’Anchorage s’est concentrée.

Nous ne pourrons cependant pas en savoir plus sur l’état de ces recherches, l’Institut ayant été fermé définitivement après une intervention de la garde nationale, la polygamie étant, après vérification, interdite en Alaska aussi.
Le juriste italien Maciste Vinoverastigne est malheureusement injoignable pour tout commentaire à ce sujet.

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