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Grilles de loto en Pologne
Photo : photographie de Bartosz Senderek (CC-SA-by 2.5)
Le plus sur moyen de gagner, c’est d’organiser
100% des gagnants d’un jeu de hasard auraient tenté leur chance ? Pas si sûr !

Une réclame émanant de la Française des jeux affirme que 100% des gagnants au Loto ont, je cite, "tenté leur chance". On ne peut gagner si l’on ne joue pas, ce chiffre semble donc raisonnable et on n’en veut pas à la Française des Jeux d’utiliser ce slogan sans nous expliquer comment l’étude statistique a été conduite, ni même, si une étude statistique a effectivement été menée.

Le public doit cependant se voir rappeler quelques faits. Tout d’abord, si 100% des gagnants ont tenté leur chance, il est tout aussi vrai que 100% des perdants ont tenté leur chance aussi. La symétrie entre les perdants et les gagnants s’arrête à ce pourcentage, car en nombre absolu, les perdants sont nettement plus nombreux que les gagnants : la probabilité d’avoir coché les 6 bons numéros sur les 49 proposés est de 1 chance sur 14 millions environ (1/(49/1 x 48/2 x 47/3 x 46/4 x 45/5 x 44/6)). La chance d’avoir coché 5 bons numéros est d’une sur 60 000, la chance d’avoir coché 4 bons numéros est d’une sur 1 000 et la chance d’avoir coché 3 bons numéros, d’une sur 60. Le joueur risque donc rarement de gagner, même un lot de consolation (en ayant trois bons numéros on gagne généralement à peine plus que ce qu’il faut pour jouer à nouveau).

Pourtant, le chiffre d’affaire du Loto est de plus d’un milliard et cinq cent mille euros dont seule une moitié est redistribuée aux joueurs sous forme de gains. Au niveau de la Française des jeux (tous jeux confondus), si l’on se fie aux statistiques officielles fournies par cet organisme :

59,7% des mises sont redistribuées aux joueurs
26,8% des mises sont directement affectées aux finances publiques
11,9% des mises sont affectés à l’organisation des jeux
Les 1,6% restants se perdent apparemment dans la nature

On peut imaginer que les 1,6% perdus (140 millions d’euros en 2005, soit l’équivalent de la dette d’un pays comme Malte) ne sont pas perdus pour tout le monde. Mais ce qui nous intéressera, ce sont les 11,9% affectés à l’organisation logistique des jeux (plus d’un milliard d’euros en 2005). Ils servent à rémunérer les employés de la Française des jeux, à payer les courtiers et les détaillants, mais aussi à rémunérer les sociétés privées qui conçoivent les jeux. Or les employés de la Française des jeux ainsi que les employés des sociétés qui mettent au point ces jeux n’ont absolument pas le droit de jouer eux-mêmes à des jeux de hasard proposés par la Française des Jeux. Ce qui signifie qu’environ 10% des mises sont remportées (sous forme de rémunération et non sous forme de gains) par des gens qui n’ont pas joué et qui n’ont pas le droit de jouer. Quand aux 30% qui reviennent au trésor public, ils ne correspondent évidemment pas non plus à une mise. Par conséquent, les 4/10e de l’argent misé à la Française des Jeux (3,2 milliards d’euros, soit l’équivalent de la dette de pays comme le Sénégal, le Mali ou le Gabon) n’est pas attribué à des gens qui ont "tenté leur chance". Il est même précisément attribué à des gens qui calculent sérieusement leurs risques, dont les investissement sont toujours nettement inférieurs aux gains et qui profitent de certaines faiblesses populaires, de l’appât de l’or et des limites de l’intelligence humaine en matière de calcul mental et d’appréciation des probabilités.

Créée à l’origine pour canaliser le goût populaire pour les jeux de hasard (qui sont, rappelons-le, légalement interdits en France), pour compenser les calamités agricoles et pour financer rapidement la reconstruction et la prise en charge des mutilés après la guerre de 1914-1918, la Loterie Nationale, devenue Française des Jeux, a vu son chiffre d’affaires augmenter régulièrement jusqu’à devenir une prospère entreprise semi-publique fréquemment accusée d’avoir trahi ses missions d’origine, puisqu’elle fait en sorte d’accroitre ses revenus et puisque les vétérans de la guerre de 1914-1918, qui ne sont plus que deux en 2007, ne sont à notre connaissance allocataires d’aucune pension versée par la Française des Jeux. Quand aux calamités agricoles, qui existent toujours malgré la baisse du nombre d’agriculteurs en France, il semble qu’elles ne soient plus compensées financièrement par la Française des Jeux.


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Regis G. Curge
enseignant au Masachussets Institute of Theology (MIT), il a publié un certain nombres d’ouvrages couvrant des domaines divers. Il vit à Chicago avec son épouse Linda, ses trois enfants Pamela, Pym et Pouneh. Il a un chat, Tiger.


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