Rosie la rivetteuse (1942), visuel utilisé par le comité de coordination de la production américaine pendant la seconde guerre mondiale. Illustration de J. Howard Miller.
Photo : domaine public
Qui est le plus fort, les filles ou les garçons ?
Un jeune homme nous fait part de ses interrogations personnelles au sujet du rapport des sexes : « Bonjour [...] j’aimerais bien savoir pourquoi on dit que les filles sont le sexe faible. En effet, Linda C., qui se trouve dans mon collège en classe de 3e comme moi, bat tous les garçons de la classe en athlétisme au 100 mètres. Si les hommes sont les plus forts, comment est-ce possible ? »
Difficile de laisser ces questions en suspens.
Mon petit Kevin.
Sans doute le sais-tu mais l’être humain le plus véloce en course de cent mètres est un homme et non une femme. Il s’agit du jamaïcain Asafa Powell, qui est devenu l’homme le plus rapide du monde en 2007, en parcourant sa distance en 9 secondes et 74 centièmes. Au 100m féminin, c’est l’américaine Florence Griffith-Joyner qui détient le record depuis 1988, avec 10 secondes et 49 centièmes. Comme tu peux le calculer toi-même, 75 centièmes de secondes séparent l’homme le plus rapide de son homologue féminine. Soixante-quinze centièmes de seconde, ça fait les trois-quarts d’une seconde, soit un peu plus de 7% de différences entre les résultats obtenus par Asafa Powell et Griffith-Joyner. En extrapolant ce chiffre, tu pourrais te dire que les hommes sont en moyenne plus rapides que les femmes de 7%.
Mais ce serait un peu simple, car des scores extrêmes, ceux des deux plus grands sportifs de leur discipline, ne peuvent en aucun cas être généralisés. En fin de collège, à ton âge, l’écart entre le garçon le plus rapide et la fille la plus rapide d’une classe peuvent être nettement plus réduits voire même, comme c’est le cas dans ta classe, totalement contraire à ce qu’on t’avait jusqu’ici présenté comme l’ordre des choses.
Pour ma part, je crois qu’il me faut 15 secondes au moins pour parcourir cent mètres, et peut-être même plus que cela car ce chiffre date de mon adolescence et je n’ai jamais eu l’envie ou l’occasion de m’améliorer. Eh bien cela fait de moi quelqu’un de bien plus lent que Florence Griffith-Joyner, puisque mon temps est près de 50% plus lent que le sien. En fait, il est probable que 99% des hommes soient nettement moins rapides que ne l’était Florence Griffith-Joyner à l’époque de son record. À bien y réfléchir, l’écart de performances sportives entre les hommes, considérés comme un ensemble, et les femmes, est très ténu. Et il en va ainsi dans toutes les disciplines : crois-tu que tu battrais Jeannie Longo sur une piste cycliste ? Elle détient près d’une cinquantaine de records du monde. En natation, Laure Manaudou aurait le temps de faire l’aller-retour dans un bassin avant que tu n’aies fini une longueur. Je ne pense pas que tu manquerais de respect à Nadia Debras, championne du monde de boxe anglaise et de kick-boxing. Je ne vais pas faire ici la liste des sportives qui peuvent t’humilier dans leur discipline car ça n’a que peu d’intérêt et je pense que tu as compris où je voulais en venir : non, les femmes ne sont pas moins fortes que les hommes, elles sont justes en moyenne plus petites, elles ont une musculature un peu moins développées et dans la plupart des cas, elles sont moins intéressées par la compétition, simple question d’équilibre hormonal. Elles sont donc tout sauf « faibles », surtout si l’on prend en compte leur extraordinaire résistance physique face à l’état de grossesse, qui impose un cœur musclé et un métabolisme infaillible. La nature semble avoir séparé l’espèce humaine en deux rôles : longévité, endurance et capacité à préserver la vie pour les femmes, rapidité, agressivité et besoin de faire l’intéressant pour les hommes. Les uns vont chasser, tandis que leurs compagnes assurent les questions du quotidien. Le court terme contre le long terme, en résumé.
La question qu’il faut à présent se poser, c’est plutôt : comment garder le pouvoir ? Que faire pour conserver l’ascendant sur la gent féminine ? Nous disposons de nombreuses armes mais pas toujours celles que nous pensons. Par exemple, chaque fois que nous faisons pleurer une fille, il nous semble avoir remporté une victoire, une victoire qui nous effraie un peu d’ailleurs. Or ces larmes sont une ruse, les filles pleurent tout le temps et pour n’importe quoi. Je me rappelle d’une dénommée Sabine à cause de qui je me faisais constamment gronder dans le bac à sable : dès que je ne lui obéissais pas, elle pleurait, ce qui provoquait contre moi la colère des institutrices. Les larmes des filles ne sont donc pas une démonstration de force masculine mais une arme particulièrement fourbe.
Non le point faible des femmes n’est pas là. Il est dans le fait qu’elles ne peuvent pas se passer de nous, les hommes, dans leur activité de reproduction et, surtout, qu’elles ont besoin de nous en tant auxiliaires de protection matérielle et physique de leur progéniture.
Si tu as besoin d’en savoir plus, je te recommande quelques lectures utiles :
BADINTER, Elisabeth, XY, de l’identité masculine, éd. Le Livre de Poche.
Un ouvrage qui fait le point avec brio sur la question de l’identité sexuelle. Le livre est tellement bien que beaucoup soupçonnent en fait Robert Badinter, l’époux d’Elisabeth, d’être le véritable auteur du livre.
BOURDIEU, Pierre, La domination masculine, éd. Le Seuil (Points).
Un intéressant recueil d’astuces par un connaisseur. Comment obtenir sans effort et en douceur qu’elles fassent la vaisselle, la popote, et quelques petites choses en plus ? Les solutions sont dans le livre : habitus, violences symboliques et tout le tralala.
GRAY, John, Les hommes viennent de mars, les femmes viennent de vénus, éd. J’ai Lu (psychologie).
Une étude universitaire certes ardue mais passionnante qui éclairera de ses lumières ceux qui en ont besoin.

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Seymour Silk
Sexologue de renom, il découvre le milieu carcéral dont il ne tarde pas à devenir un spécialiste